Dis-moi comment tu télétravailles je te dirai de quel pays tu es
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Depuis le 2 février, le télétravail n’est plus obligatoire en France mais toujours fortement recommandé. Bien que cette contrainte légale soit maintenant levée pour les entreprises, les collaborateurs ont adopté cette pratique qui s’est rapidement normalisée depuis le premier confinement.
Une récente étude de PwC révèle que 68 % des dirigeants déclarent que les employés doivent être présents au bureau au moins 3 jours par semaine pour maintenir une culture d’entreprise unique. Si la situation est plutôt favorable à l’adoption du travail hybride en France, qu’en est-il pour les entreprises et les collaborateurs chez nos voisins Européens ? Ces réponses, nous les trouverons dans une enquête menée par l’Ifop pour la Fondation Jean Jaurès auprès d’actifs issus d’échantillons représentatifs en Allemagne, en France, en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni.
Combien de jours êtes-vous en télétravail dans la semaine ?
Si vous êtes en France, il se pourrait que vous ayez un “accès plus restreint” au télétravail. En effet, selon l’enquête, seuls 29% des actifs français déclarent télétravailler « au moins une fois par semaine » , contre 51% des Allemands, 50% des Italiens, 42% des Britanniques et 36% des Espagnols. Globalement, le télétravail est présent, mais pas dans les mêmes mesures et recouvre alors un désir d’équilibre entre travail en présentiel et travail à distance.
Quelle est votre catégorie socioprofessionnelle ?
Le télétravail n’est pas accessible à tous. En effet, même chez nos voisins européens, les inégalités d’accès au travail à distance selon la catégorie socioprofessionnelle (CSP) est visible. Tous les pays concernés par l’enquête ont démontré que les CSP+ ont davantage accès au télétravail que les CSP-. Cet écart se renforce en France, avec un différentiel de 39 points (56% des CSP+ et 17% des CSP- ont accès au télétravail) alors que l’écart entre les deux catégories n’est « que » de 8 points en Italie, pays où l’accès au télétravail est donc le plus homogène socialement (avec des taux hebdomadaires qui concernent 56% des CSP+ et 48% des CSP-).
Combien de jours aimeriez-vous télétravailler, idéalement ?
Au moins 2 jours ? Pensez-vous déménager ? En moyenne, le nombre de jours “souhaités” en télétravail est de 2,7 en Espagne, 2,4 en Italie, 2,2 en Allemagne, 2 au Royaume-Uni et… 1,8 jour par semaine en France.
Quel âge avez-vous ?
En Europe, une majorité des actifs âgés de moins de trente-cinq ans télétravaillent, contrairement aux actifs de plus de cinquante ans. En France, cette variable discriminante est plus homogène. 31% des moins de trente-cinq ans travaillent à distance au moins une fois par semaine contre 28% des cinquante ans et plus. Comme quoi, “digital native” ou “boomer” ne sont pas aussi différents qu’on essaie de vous le faire croire !
Avez-vous des enfants ?
Selon une étude du cabinet Valoir, le télétravail a entraîné une baisse de productivité globale de seulement 1 %. Néanmoins, une nuance apparaît ! Chez les parents, pour qui l’équilibre vie personnelle et vie professionnelle est plus difficile à garantir, la productivité est de 2%. Un taux plus bas que les salariés qui n’ont pas d’enfant chez qui la productivité a baissé de 3% depuis qu’ils sont en télétravail. Peut-être plus habitués à jongler entre plusieurs tâches et à organiser leur emploi du temps, les parents ont également des raisons évidentes de vouloir mettre les bouchées doubles pour pouvoir gérer les autres tâches du quotidien !
Quels avantages à télétravailler ?
La pratique comme le souhait de télétravail diffèrent selon les pays. Néanmoins, ses représentations associées y sont partout plutôt homogènes et positives. En effet, trois avantages reviennent systématiquement : les économies financières (trajets, repas, garde d’enfants…), l’autonomie supplémentaire en matière d’organisation et la meilleure conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle. Les pays qui ont davantage recours au télétravail voient la motivation de leurs actifs augmenter. Tout du moins en Europe. Au Japon, une étude révèle qu’alors que le télétravail a concerné jusqu’à 25% des salariés japonais (contre 6% avant la crise), il a paradoxalement débouché sur une baisse de productivité d’environ 20% en moyenne. Ainsi, le télétravail n’est pas accueilli et vécu de la même manière selon les cultures : il existe des spécificités et exceptions.
Nous ne sommes qu’à l’aube des transformations managériales et organisationnelles que la mise en place du télétravail implique. Si c’est une pratique de plus en plus courante pour certains, il serait faux de penser qu’elle concerne l’intégralité des actifs en France. Pourtant, conscients des avantages apportés par ces nouveaux modes de travail, ces chiffres ne peuvent qu’évoluer positivement. Dès lors, accompagner les entreprises dans ces évolutions est une priorité afin de leur donner les clés qui permettront de répondre aux attentes de leurs collaborateurs et d’assurer leur engagement au travail.
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